Regards croisés sur la démocratie
« With liberty and justice for all » : Les expulsions aux États-Unis ne menacent pas seulement les immigrés
17/06

Les États-Unis se sont vantés d’être un pays marqué par la liberté, la justice et l’égalité pour tous ceux qui y vivent, soumis à cette liberté quelle que soit leur nationalité, leur origine, leur genre ou leur richesse. Les Américains de toutes origines et tous genres ont profité de la liberté et de la démocratie depuis les années 60 avec l’introduction du Civil Rights Act de 1964. Le mot « démocratie » est défini généralement par un pouvoir du peuple exercé au sein d’un gouvernement élu par le peuple. Depuis l’élection de Trump, on observe un certain châtiment pour ceux qui ne l’ont pas soutenu : les minorités, les femmes et notamment les immigrés. Alors que certains voient les expulsions des immigrés comme un renforcement légitime de la loi, cette politique est en train d’affaiblir la démocratie américaine.
« With liberty and justice for all » est proclamé à la fin du serment d’allégeance au drapeau américain, que les écoliers américains récitent au début de chaque journée. Mais cette liberté et justice pour tous ne sont plus visibles dans notre traitement des immigrés vivant aux États-Unis.
Les États-Unis ont été fondés par des immigrés. Les immigrés anglais, français et espagnols ont colonisé le continent d’Amérique. Ces immigrés sont venus en Amérique sans papiers et bien sûr sans permission de la population indigène à l’époque. Après l’établissement des États-Unis, des millions d’immigrés sont venus pour travailler et chercher une vie meilleure. Les innovations américaines les plus connues étaient majoritairement inventées par des immigrés. Moi-même, étant un Américain, mes ancêtres sont venus d’Irlande, d’Angleterre et d’Allemagne, et sachant le système d’immigration de l’époque, il est absolument certain que certains sont venus sans avoir les bons papiers. Mais à cause de la couleur de ma peau, on ne me demande jamais si je suis « assez américain ».
Par contre, les immigrés actuels aux États-Unis — qu’ils soient sans papiers ou en situation régulière — sont attaqués. Trump a proclamé que ICE (U.S. Immigration and Customs Enforcement) ferait au moins 3 000 arrestations d’immigrés chaque jour. L’administration Trump a cherché à effectuer 650 arrestations d’immigrés dès son premier mandat. Plusieurs immigrés avec des titres de séjour légaux ont été arrêtés. Juan Carlos Lopez-Gomez, 20 ans, a été détenu par des policiers, malgré le fait qu’il soit citoyen américain et né aux États-Unis. Après que sa mère a présenté son acte de naissance au juge, il n’a pas été libéré. Même les citoyens américains sont donc menacés par ces actions.
Ces citoyens et immigrés arrêtés ont droit à un procès équitable et légal, comme le proclame la Constitution américaine. Mais comme on l’a vu avec Lopez-Gomez, l’administration Trump contourne les droits à un procès équitable. La Constitution protège toutes les personnes présentes sur le territoire américain, qu’elles soient citoyennes, immigrées clandestines ou touristes.
Ces arrestations visent particulièrement les villes démocrates. Le 16 juin, Trump a demandé à ICE d’augmenter la fréquence des arrestations dans ces villes, notamment Los Angeles, Chicago et New York. Il ne s’agit donc pas seulement d’une politique migratoire, mais aussi d’une attaque contre la démocratie locale. Le fait de cibler des villes en raison de leur orientation politique n’est ni juste, ni démocratique. Le choix de Trump de s’en prendre aux villes qui n’ont pas voté pour lui constitue une attaque contre la démocratie américaine, masquée par un discours de lutte contre l’immigration clandestine.
Malgré l’affirmation de Trump selon laquelle ses mesures répressives contre la population immigrée viseraient la justice et la sécurité, ses politiques participent à la destruction d’une démocratie déjà fragile. Si l’on considère la démocratie comme l’expression du pouvoir du peuple dans le gouvernement, alors les politiques de Trump ne respectent pas cette définition. Attaquer des populations en fonction de leur origine ou de leur opinion politique ne reflète pas les principes fondamentaux d’une démocratie.
Jack D
🗳️ Les points clés de l’interview d’Ava – Texas, étudiante en psychologie
Ava voit la démocratie comme la capacité à élire ses représentants grâce au vote. Elle a voté pour la première fois lors des dernières élections, une expérience qu’elle a trouvée très enthousiasmante. En observant les choix et opinions politiques des gens autour d’elle au Texas, elle a pris conscience de la diversité des points de vue et de leur impact sur la démocratie.
🎙️ Les points clés de l’interview d’Eli – New York, étudiant en science politique
Pour Eli, la démocratie est un système dans lequel la société civile, et en particulier les minorités, peut faire entendre sa voix et influencer les structures qui les concernent. Son point de vue a évolué au fil de ses expériences de vie, entre une petite ville de l’État de New York, New York City, et maintenant la France. Même s’il reste fier de la stabilité de la démocratie américaine, il se dit inquiet face à la direction actuelle du pays. Il estime que les voix des minorités sont de moins en moins prises en compte et que le gouvernement s’éloigne de l’inclusivité.
📚 Les points clés de l’interview de Trinity – Massachusetts, étudiante en anglais et français
Pour Trinity, la démocratie consiste à donner le pouvoir de gouverner au peuple, en respectant la volonté de la majorité. Depuis qu’elle vit en France, elle se sent un peu déconnectée de la démocratie américaine, mais elle observe à distance une forme de déclin. Selon elle, beaucoup de citoyens se sentent ignorés, et le pouvoir semble de plus en plus concentré entre les mains des riches et des puissants, au détriment des citoyens ordinaires.
🧭 Les points clés de l’interview d’Elanor – Indiana
Elanor définit la démocratie comme un système où chacun a son mot à dire dans les décisions politiques et sur le fonctionnement du pays. Aujourd’hui, elle pense que les élites riches dominent le système et que leurs voix sont privilégiées. Pour elle, les personnes sans richesse sont mal représentées et ont peu de poids dans les décisions gouvernementales.
📉 Les points clés de l’interview de Mia
Mia pense que la démocratie, censée donner le pouvoir au peuple par l’élection de ses représentants, ne remplit plus sa mission. Pour elle, le système est aujourd’hui compromis par les élites politiques et les intérêts des grandes entreprises, ce qui l’éloigne de sa raison d’être : servir les citoyens.
⚖️ Les points clés de l’interview d’Asher
Asher voit la démocratie comme un système où chacun peut participer au pouvoir. Il distingue la démocratie directe, où tous les citoyens prennent part aux décisions, de la démocratie républicaine américaine, où les décisions sont prises par des représentants élus. Selon lui, ce système présente des failles : beaucoup d’élus semblent agir dans leur propre intérêt plutôt que dans celui du peuple. Cela le pousse à se demander si le système ne devrait pas être mieux protégé.
🇺🇸 Les points clés de l’interview de Nate – Minnesota
Nate considère la démocratie comme une institution forte et précieuse, fondée sur l’égalité et l’expression des plus vulnérables. Il reconnaît que le système peut être détourné, mais il croit qu’il reste solide et efficace. Il participe activement à la vie démocratique en votant à chaque élection et en ayant travaillé avec l’État du Minnesota sur des projets liés au vote. Son expérience personnelle est très positive.
📚 Les points clés de l’interview de Teresa – New York, Enseignante d’anglais langue étrangère
Teresa enseigne l’anglais langue étrangère à des adultes dans l’État de New York, à environ 140 km au nord de la ville de New York. Pour elle, la démocratie est un système de gouvernement dirigé par le peuple et pour le peuple, indépendamment du statut d’immigration de chacun. Son travail consiste à aider les immigrés à améliorer leur niveau d’anglais afin qu’ils puissent défendre leurs droits aux États-Unis. Elle constate que les expulsions dans sa ville menacent ses étudiants, et que le nombre d’inscriptions à ses cours a diminué depuis le mandat de Donald Trump. Selon elle, une société dans laquelle les gens ont peur de recevoir une éducation ou de se déplacer librement ne peut pas être qualifiée de démocratique.
🎓 Les points clés de l’interview de Cassie – Minnesota, Étudiante
Cassie est étudiante dans l’État du Minnesota. Elle définit la démocratie comme un système où la population gouverne, notamment à travers des élections libres. Elle observe cependant que les États-Unis s’éloignent de cette définition, car de nombreux politiciens ne servent plus les intérêts de leurs électeurs. Elle cite, à titre d’exemple, l’utilisation des impôts pour financer les guerres, alors que le budget du département de l’éducation est réduit. Cassie déclare ne pas se sentir représentée dans la démocratie américaine, un sentiment partagé selon elle par de nombreuses communautés minoritaires.
🏙️ Les points clés de l’interview de Becca – Illinois, Étudiante
Becca est étudiante de Chicago, dans l’État de l’Illinois. Pour elle, la démocratie devrait refléter les intérêts de la population. Elle considère que ce n’est plus le cas aux États-Unis, où, selon elle, les politiciens cherchent davantage à générer des profits ou à gagner du pouvoir qu’à représenter le peuple.
🗣️ Les points clés de l’interview de Suzie – Massachusetts, Étudiante
Suzie étudie dans l’État du Massachusetts. Elle comprend la démocratie comme un processus qui respecte les droits et les opinions de chacun, visant à construire un gouvernement qui prend en compte les besoins et les souhaits du peuple. Cependant, elle affirme qu’il est aujourd’hui difficile de définir ce qu’est réellement la démocratie aux États-Unis, en raison des nombreuses controverses entourant sa signification.
🧑⚖️ Les points clés de l’interview de Vanna – Washington, Étudiante
Vanna est étudiante dans l’État de Washington. À ses yeux, la démocratie consiste en une représentation équitable de tous les citoyens au sein du gouvernement. Elle estime qu’actuellement, le système est dominé par une élite restreinte et puissante qui prend des décisions sans tenir compte des besoins réels de la population.
🗳️ Les points clés de l’interview de Katie – Minnesota, Étudiante
Katie est une étudiante du Minnesota. Elle définit la démocratie comme un système dans lequel les personnes au pouvoir reflètent la voix du peuple. Selon elle, les États-Unis ne sont plus – et peut-être n’ont jamais été – une véritable démocratie. Elle évoque le fait que certaines personnes, comme les anciens détenus, ne peuvent pas voter, et rappelle que la population noire n’a obtenu le droit de vote qu’en 1964. Elle cite aussi les lois restreignant le vote par correspondance comme un exemple de régression démocratique. De plus, elle critique un système éducatif injuste et défaillant, qu’elle considère comme un reflet des inégalités économiques. Pour elle, une démocratie ne peut exister que si le système éducatif garantit une éducation équitable à tous.